Forme, boulot, santé : j’ai décidé de me prendre en mains !
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Chouquette a 7 mois !
23/08/2016
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Oui, j’ai mis du temps à l’écrire celui-là car sur le moment, je n’avais pas les mots et depuis, j’ai peur qu’ils soient erronés. Je vais essayer de partager avec vous ce moment doux que j’ai vécu avec Chouquette. Cette parenthèse magique qui n’a pourtant pas été si facile que ça à vivre au début.

C’était une évidence. Dans ma tête et dans mon cœur. Je voulais allaiter Chouquette. J’en ai parlé pendant ma grossesse, pendant les cours de préparation à la naissance et juste après l’accouchement quand on m’a posé la question si je souhaitais lui donner « la tétée de bienvenue ». Oui, oui et oui. Je vous passe les sentiments de dégoût de certaines de mes copines qui m’ont lancé un « Mais pourquoi tu t’infliges ça ! Ca va pas ? ». Ben c’était ma décision et puis c’est tout.

Qu’on soit d’accord, je respecte absolument les femmes qui ne souhaitent pas allaiter et je ne les vois pas d’un mauvaise œil en pensant « mauvaise mère » donc je n’entrerai pas dans ce débat. Pour moi, être une bonne mère, c’est choisir, ce qui est le mieux pour son enfant et pour soi aussi. C’est quand même une certaine responsabilité que de faire le choix d’allaiter alors il faut être en accord avec ça et le vouloir. Vraiment. Alors chacune fait comme elle le sent et puis c’est tout. Bref, la parenthèse se referme là.

Dès sa venue au monde, j’ai donc allaité ma fille. Quel bonheur je ressentais de la nourrir, ce petit être si fragile que nous attendions depuis 9 mois avec son papa et que je venais de mettre au monde. Mais très vite, des douleurs sont apparues. De vives douleurs fortes à la succion qui me brûlaient et me faisaient beaucoup saigner. Bref, j’ai vraiment eu très mal. Alors tout de suite, j’ai paniqué ! Je me demandais comment cela se faisait que je ressente une douleur aussi intense alors qu’on lit partout qu’allaiter ne fait pas mal du tout. Surtout que Chouquette prenait très bien le sein, dans la bonne position et tirait bien mon lait. Heureusement, j’ai été tout de suite écoutée par les sages-femmes de la maternité qui m’ont bien expliqué que les débuts pouvaient être douloureux. Ouf.

On m’a dit « accrochez-vous, les 3 jours sont les plus difficiles. Le temps que l’allaitement se mette en place et que le colostrum laisse place au lait ». Ok, après tout, c’était quoi 3 jours ? Je pouvais bien patienter. Mais 3 jours après, ça ne passait pas. Et là, on m’a dit « Le premier mois est assez difficile, accrochez-vous. Après, ce ne sera que du bonheur. » Mais si à chaque échéance on m’en annonce une nouvelle, comment vais-je faire moi ? Ca me désespérait un peu mais je ne voulais pas arrêter. Non.

C’est juste que je ne m’étais pas préparée à cette douleur. Non, pas cette douleur-là.

En discutant avec des copines qui avaient déjà accouché, je me suis rendue compte que je n’étais pas un cas isolé et que de nombreuses nouvelles mamans ressentaient ce type de douleurs, plus ou moins intenses.

Mais pourquoi je ne le savais pas ? Je n’aurais bien évidemment
pas changé d’avis mais au moins, je m’y serais mieux préparée.

Comment ?

En ayant tout simplement quelques petits trucs avec moi comme du gel à la lanoline pour soulager les plaies, des bouts de sein pour les avoir sous la main au cas où et enfin, j’aurais demandé un tire-lait dès la maternité pour pouvoir soulager ma poitrine qui souffrait beaucoup.

Je ne savais pas tout ça. C’est en parcourant des sites et des forums les premiers jours de vie de Chouquette que j’ai vu toutes ces solutions. Après coup, je me dis que j’aurais bien aimé avoir un suivi plus complet à la maternité par rapport à mon allaitement car si je n’avais pas eu tant de volonté, j’aurais arrêté bien trop tôt. Je sais maintenant que je l’aurais regretté. J’ai beaucoup souffert et pleuré de longs moments car c’était une douleur vive, inattendue et surtout nouvelle mais je sais maintenant que ça ne dure pas.

J’ai quand même bénéficié de l’écoute de quelques aides soignantes ou sages-femmes et surtout l’une d’entre elles qui m’a dit « Faîtes comme vous le sentez mais surtout surtout, ne prenez aucune décision à chaud ». Mais qu’elle avait raison ! Je me répétais cette phrase en boucle et elle a été mon leitmotiv car j’ai bien vu que quand tout se passait bien, je ne souhaitais vraiment pas arrêter.

Le truc, c’est que ma fille prenait beaucoup chaque jour. Je la mettais au sein une bonne dizaine de fois par jour. Ce qui n’arrangeait pas mes blessures.

Et puis, à force d’avoir mal (on ne m’a proposé ni bouts de sein ni tire-lait à la maternité, j’avais donc vraiment la peau à nu tout le temps lors des tétées et c’est ce qui a beaucoup fragilisé ma poitrine que je n’imaginais pas si fragile), un jour on m’a proposé de « sauter une tétée« . Je ne savais pas ce que ça voulait dire. En réalité, cela signifiait qu’on allait donner un petit biberon de 25mL à Chouquette pour me soulager un peu. J’ai refusé de suite. Non, j’avais l’impression que je rendais les armes, que j’étais en train d’échouer… Hors de question. Chou m’a laissée faire dans cette démarche, il était là pour me soutenir. Et puis, le lendemain, à force de me voir souffrir comme ça, il m’a reparlé de cette idée. J’ai finalement accepté. Je ne voulais pas que ma fille ressente ma douleur ou que je ne sois pas en réelle forme pour lui donner le sein alors j’ai dit ok. Par contre, il m’était impossible de lui donner le biberon. Je le regardais ce petit biberon et je le détestais. Il prenait ma place. Le bonheur de voir Chou donner à manger à sa fille pour la première fois a un peu atténué ma tristesse mais j’étais quand même très mécontente de moi.

Cette solution m’a soulagée et a permis de reposer ma poitrine. Alors, quand le lendemain, en pleine nuit, j’étais à bout de forces car Chouquette se réveillait et pleurait beaucoup et ma poitrine était toujours en sang, Chou m’a proposé d’aller demander un biberon pour que je puisse me reposer un peu. La veille, la sage-femme et l’aide-soignante qui me l’avait proposé m’ont dit qu’on pouvait le faire une fois par jour, surtout pour des bébés qui prennent très souvent. Après une longue hésitation, j’ai accepté. Et là, je me suis sentie comme la pire des mères. Une aide-soignante m’a très mal reçue en me répétant sans cesse « Je n’ai pas envie de vous le donner, vous avez choisi d’allaiter alors allaitez. C’est juste que votre bébé doit mal prendre mais il y a un moment où il faut savoir ce que l’on veut. J’ai bien un biberon là mais bon, je préfère ne pas vous le donner ». Elle m’a suivie en chambre pour vérifier si Chouquette prenait bien, elle a découvert l’état de ma poitrine et que mon bébé prenait très bien. Elle a aussi vu accessoirement la douleur que ça me faisait à la succion. Elle est partie chercher un biberon et m’a dit « Oui je vois comme c’est difficile mais bon, je vous le laisse, je préfèrerais que vous ne le preniez pas, mais bon. » Et elle est partie comme ça, nous laissant avec ce biberon qui, je le savais, allait me soulager mais avec l’impression que si elle le retrouvait vide le lendemain, je sentirais de nouveau son regard culpabilisant. J’imagine après coup qu’elle voulait me dire par là qu’il fallait que je m’accroche mais ce n’était pas les bons mots et surtout pas la bonne manière. Son indélicatesse nous a beaucoup déplu Chou et moi. Moi ça m’a rendue très triste et lui très en colère. Autant vous dire que ce biberon, nous lui avons donné, j’ai donc pu être soulagée à peine 2h car elle a ensuite réclamé le sein.

Je trouve malheureux d’être confrontée à des pro ou contre l’allaitement. J’estime que c’est un choix personnel qui n’engage que la maman et le couple avec son bébé. Les femmes qui allaitent devraient être plus soutenue quand elles ne le sont pas et les femmes qui n’allaitent pas ne devraient pas se sentir dévalorisées par certaines infirmières ou autres qui estiment que c’est un mauvais choix.

Chacun le sien.

Bref, j’ai trouvé ce fossé tellement grand entre les sages-femmes bienveillantes et celles qui te font comprendre que tu fais tout de travers. « Oups, je suis désolée mais gros scoop, je n’accouche pas tous les jours« . Je remercie donc celles qui m’ont écoutée, ont posé des regards bienveillants sur moi et m’ont conseillée du mieux qu’elles pouvaient.

Mais aussi, je remercie du fond du cœur toutes les mamans qui, sur Twitter, m’ont épaulée et conseillée du mieux qu’elles pouvaient. Elles ne s’imaginent pas à quel point elles ont rendu ce moment plus doux…

Dès que nous sommes rentrés à la maison, j’allais le jour même chercher un tire-lait à la pharmacie (sur ordonnance de la sage-femme de la maternité – c’est moi qui la lui ai demandée), des bouts de sein et du gel (ça, on m’en avait donné à la maternité) et l’allaitement pouvait vraiment s’installer.

Bref, à suivre…

N.B. : On est d’accord que je délivre ici mon expérience à moi. Prendre la décision d’allaiter ne signifie pas forcément que vous allez avoir mal. Toutes les femmes ne vivront pas leur allaitement de la même manière que les autres et n’auront pas la même sensibilité au niveau de la peau.

Crédit photo : Emilie. P Photos Merci pour ce beau cliché tout doux que j’adore… <3

16 Comments

  1. Sev dit :

    Très beau témoignage, qui montre malheureusement que l’allaitement est un sujet pas du tout développé en France! Comme toi, il faut que des milliers de mamans aillent chercher l’info dont elles ont besoin seules, et qu’elles se débrouillent.
    Pour moi aussi les débuts ont été difficiles, avec une téteuse de compet, les seins en sang et une douleur tellement vive que je commençais à pleurer lorsqu’elle tétait. Horrible. Ces sentiments de ne pas être une bonne mère, de na pas savoir faire, et pourquoi j’échoue dans ce truc qui devrait être si naturel, etc…
    C’est important que tu aies écrit cet article, pour toutes les mamans et futures mamans qui te suivent.
    Pour moi le plus important, pour ‘réussir’ son allaitement, c’est d’être bien entourée. Donc ça veut dire de trouver une conseillère en lactation certifiée, de la rencontrer avant l’accouchement, et de l’appeler dès qu’il y a un problème.
    Je suis scandalisée par le traitement que tu as reçu à l’hôpital, ce n’est pas professionel du tout!!!

    • Oh merci de ce beau commentaire ! Oui, je pense que la prochaine fois (oui car je compte avoir un deuxième bébé et l’allaiter aussi ^^), je demanderai un suivi même si je pense que déjà, je serai plus sereine que la première fois. Heureusement que mes proches m’ont soutenue parce que ce n’était vraiment pas simple. Etre bien entourée, je suis d’accord avec toi, c’est la clé !

  2. maman délire dit :

    ça me rappelle des souvenirs… j’ai eu très mal au début de l’allaitement de mes 2 enfants. effectivement c’était très dur à supporter. heureusement la sage femme qui m’avait suivi pour la préparation a l’accouchement a été un soutien extraordinaire. je suis vraiment outrée des propos qui t’ont été tenus a la maternité ! je suis d’accord avec toi, on ne préviens pas assez les futures mamans que ça peut faire mal au départ, mais que ça passe après !

    • Oui HEUREUSEMENT que ça passe vite parce que sinon ce serait impossible de tenir.
      Oui moi aussi j’étais surtout attristée qu’on me culpabilise à ce point, surtout qu’on culpabilise déjà assez tous les jours quand on débute, et même après..
      Tomber sur LA bonne sage-femme, c’est juste génial. Celle qui m’a accouchée était formidable, celle qui m’a écoutée, magique et tant d’autres aussi. Je garde aussi ces précieux moments dans mon cœur, ils sont si importants. 😉

  3. Julie dit :

    Je l’attendais cet article, tu avais parlé rapidement de tes problèmes et de cet article qui allais venir. Et pour aussi l’allaitement n’a pas été facile même si rien à voir avec le tien. Moi ce fût plus au niveau du moral que ça a été difficile car mon Chouchou prenais bien le sein et je n’avais pas mal cependant c’était un petit fainéant il buvait bien tempq que ça coulait « tout seul » et du coup il a eu tout le monde on pensait tous qu’il mangeait bien et finalement non il ne prenait pas assez de pis mais ne disait rien. J’ai donc dû avoir recours au tire-lait après chaque tétée pour faire des petits biberon à lui donner après les tétée autant te dire que c’était long : tétée puis biberon puis tire-lait pour moi. J’ai arrêté une semaine car il reprenait bien et puis c’est reparti de travers, l’angoisse de mal faire et qu’il dépérisse c’était horible, j’ai quand même tenu 3 mois mais à la fin c’était surtout des tétées câlins car derrière il prenait 180 de biberon donc j’ai finalement « cédé » et on est passé au biberon uniquement.
    Effectivement je trouve que l’on n’est pas assez renseigné sur les problèmes qui peuvent subvenir même si de mon côté j’ai eu un super suivi de ma sage-femme et même plutôt à la maternité.
    Merci pour tes articles.

    • Oh merci à toi pour ce joli témoignage. Ca me fait tellement de bien d’écrire et ensuite de vous lire pour échanger ensemble. Quel bonheur ! Et oui pas facile tout ça, on culpabilise souvent car on se remet sans cesse en question en pensant que s’il arrive telle ou telle chose, c’est de notre faute. C’est vraiment pas évident de prendre ses marques au début. Bravo de l’avoir allaité 3 mois, c’est déjà tellement !!
      Merci à toi pour ton commentaire 🙂

  4. Gawel dit :

    Je trouve malheureux que l’on ne nous renseigner pas plus sur l’allaitement j’ai connu la même chose que toi pour Raphaël, les douleurs les saignements les crevasses les réveils toutes les 3h jours et nuit parce qu’il ne fallait pas écarter les tétées… et au bout du 4eme jour mon titi à été envoyé en néonat’ et là je suis tombée sur des anges ! J’ai pu continuer à allaiter (je faisais les aller-retour entre les etages) elles m’ont montrer les différentes bonnes positions (et oui il n’y en avait pas qu’une) m’ont donné des bouts de seins, du Prelan, et elles m’ appelaient que lorsque Raphaël se réveillait « un allaitement à la demande »
    Quel bonheur !!

    • Et oui…d’où l’importance d’être bien accompagnée par des personnes très bienveillantes et qui font tout pour que ça fonctionne bien. Dans l’intérêt de la maman et de l’enfant. Ca me semble tellement logique et pourtant c’est plus que rare que ça le soit pour les autres… Je suis heureuse que tu aies pu trouver des anges ensuite, moi le peu d’anges qui ont traversé ma route, je les remercie beaucoup 🙂

  5. Nath dit :

    L’allaitement, trois bébés, et trois périodes différentes pour moi ! La première je ne l’ai allaitée qu’une semaine et demie, car elle prenait mal du coup je n’ai plus eu de lait ; la seconde un mois et demi, car je voulais reprendre le travail sans allaitement, le dernier plus longtemps, c’est le pédiatre qui m’a demandé de stopper car il trouvait qu’il ne grossissait plus assez. J’étais malheureuse comme les pierres, et mon bb ne voulait pas du tout le biberon, ça a été des heures de hurlements pour qu’il en prenne un, un enfer ! Quand j’ai expliqué le calvaire vécu au pédiatre la visite d’après cet a……… m’a dit, « ha bon, vous avez galéré ? ha mais ce n’était pas urgent d’arrêter, ça pouvait attendre ! » et là j’ai juste voulu le trucider pour les horribles moments vécus à cause de lui 🙁
    Et accessoirement je n’allaitais plus, alors qu’avec ce petit dernier je me voyais bien faire du mixte, garder la tétée du matin et du soir. bouhouhou que j’ai été triste !
    Bref !
    J’étais une pro, j’avais mes bouts de sein en silicone of course, et j’ai adoré nourrir mes enfants 🙂 <3
    (malgré la douleur et les inconvénients des seins de Lolo Ferrari)

    • mdr ah oui pas simple tout ça..
      Comme quoi, 3 enfants et 3 allaitements différents sur la même femme. C’est qu’il faut s’adapter à chacun de nos enfants aussi et faire ce qui nous semble le mieux pour eux…
      Oh oui j’imagine la tristesse quand ça s’installe bien et qu’on doit arrêter contre son gré.. 🙁
      Mais heureuse que ça se termine sur un bilan positif <3

  6. seralyne dit :

    Comme je te comprend, je suis puéricultrice et très sincèrement dès la consultation je recommande la « bible » de l’allaitement , qui est : »l’allaitement  » de Marie Thirion c’est un ouvrage précieux pour les mères qui choisissent d’allaiter, et normalement quand les professionnels de la mater font bien leur boulot elles sont un vrai soutient et conseil peu importe le choix ! Bravo pour cet article intime !😊

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