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La pomme de terre

Et puis un jour…
Alors que tu épluches innocemment une pomme de terre pour faire pour la énième fois une tartiflette, ça arrive. Ben oui, t’aimes ça la tartiflette. C’est gras, c’est crémeux, c’est bon, c’est doux. Bref, t’aimes ça la tartiflette, mais c’est pas vraiment la question. Oui, ce jour là, où, pour la 37 854ème fois de ta vie, tu épluches cette pomme de terre, en repensant à ta journée passée ou en pensant à celles qui vont suivre et où…sans prévenir, ça arrive. Enfin. Oui, tu sens des bras t’attraper, te serrer, t’envelopper, t’aimer. Tu sens quelqu’un qui t’aime te prendre dans les bras.
Sans que tu l’aies demandé, sans l’avoir supplié, sans l’avoir provoqué. Ben non, ça a l’air naturel, ça a l’air normal. Et là, tu te prends à penser : ça l’est vraiment ? Non mais purée, c’est ça l’amour ? La tendresse de tous les jours ?

J’ai longtemps aimé cuisiner et je l’avoue, je l’ai quelquefois fait alors que je n’en avais pas plus envie que ça, juste pour espérer qu’il m’arrive ça. En vain. Je trouve que c’est l’un des gestes d’amour les plus beaux. Pourquoi ? Ben j’en sais rien patate, c’est comme ça.

Comme le jour où je vous ai dévoilé le fait que j’étais hypersensible ou encore celui où je vous ai parlé de cette quiche que je ne suis pas la seule à être, aujourd’hui, c’est une grosse part et peine de ma vie que je livre. Ça paraît sûrement complètement con, ça paraît n’être rien mais pourtant, ça a entaillé mon âme à jamais.

Et toi, tu as déjà pleuré, hurlé…prostrée au bout de ton lit, à vouloir crever d’amour…juste pour qu’on accepte de te serrer fort dans des bras ou juste te tendre la main, te donner une petite tape sur l’épaule sans que ça n’arrive jamais ? Moi oui.

Et ça, c’est difficile de le comprendre. Mais surtout, c’est difficile d’en mesurer l’intensité dans le coeur, dans le corps, dans l’esprit. D’en mesurer les conséquences sur le futur, sur la force, sur la façon d’être. Sur tes silences, tes nombreux silences.

T’as le reste, tout le reste, même des trucs à outrance, des trucs cool. Ça va, il y a bien pire comme cauchemar, faut pas pousser mémé dans la tartiflette. C’est pas l’enfer non plus car ce n’est pas ce à quoi tu penses constamment. Mais c’est là et ça te croque. Donc non, je ne veux pas me faire passer pour une victime ou pour la martyr de l’amour. Non, ce sont juste les gestes et les mots manquants qui ont rendu le tout si lourd. Vous voyez où je veux en venir ? Non ? Ben en vrai, je te souhaite de ne pas réellement me comprendre car toi, tu ne le ressens pas, tu ne l’as pas vécu ou toi, ça ne t’a pas tant dérangé que ça. Au fond, je souhaite que tout le monde se dise que j’exagère à la lecture de cet article, ça prouvera que vous n’avez jamais souffert de ça, ce truc qui moi, m’a bouffée. Je vous souhaite réellement et au plus profond de mon coeur de ne pas me comprendre.

Ça semble n’être rien. On m’a même dit que je me vexais parce qu’on ne me disait pas « Bonjour » le matin. Non, on ne me disait ni Bonjour, ni T’es belle ni Tu me manques, ni Je t’aime. Les plus beaux mots sont devenus mes maux, les silences sont devenus des murs et les non-dits… des actes manqués.

Pour moi, il y a différents types d’attentions d’amour, celles qu’on donne car on aime comme on aimerait une sœur, une copine. Et celles que l’on donne car en face de nous, c’est l’être aimé à qui on les donne, dont l’amour nous consume et nous anime chaque jour. Alors cette pomme de terre, comment s’en défaire ? Comment ne pas vouloir l’éplucher encore et encore pour que l’amour perdure ? Pour se prouver qu’elle existe et qu’elle va encore et encore provoquer ça. CA. Ce truc si simple et qui, pourtant, est un truc de dingue pour moi.

 

On peut vivre sans richesse
Presque sans le sou
Des seigneurs et des princesses
Y en a plus beaucoup
Mais vivre sans tendresse
On ne le pourrait pas
Non, non, non, non
On ne le pourrait pas
Paroles de la chanson "La tendresse" de Bourvil

J’ouvre aujourd’hui le dossier de la souffrance et de la dépendance affective. Quand on aime, on est toujours en dépendance affective car on a besoin des gestes, des paroles…qui ne peuvent être donnés que par l’être aimé. Mais qu’en est-il de la dépendance affective quand elle devient souffrance car elle est subie ? Quand elle prend aux tripes ?

Vouloir être aimé(e) à tout prix. Tout. Tout le temps. Indéfiniment. Le jour. La nuit. Mal habillée. En voiture. Coiffée vite fait… Faudrait pas me prendre pour un gratin. Je sais que quand j’ai un rhume et 40 de fièvre, je suis loin d’avoir le sex-appeal de Beyoncé. Être dépendant n’altère pas l’objectivité. Mais il reste troublant. Ce trouble qui épuise l’être aimé, peut également le plonger dans tout un tas de questionnements. S’il n’est pas compris, il peut autant faire souffrir l’un que l’autre. Il n’y pas que le dépendant à outrance qui souffre, c’est une souffrance de couple.

C’est la lecture de cet article intitulé « Dépendance affective : derrière un terme à la mode, un vrai trouble. » qui m’a poussée à parler de ce truc, là, au fond de moi, sur lequel j’ai jamais vraiment réussi à mettre de mot et que la plupart n’arrive pas à comprendre. L’affection est considérée comme un plus là où elle devrait être fondamentale. Maintenant que je le sais, je ne veux plus jamais m’en passer et je ne veux plus jamais qu’on me contraigne à m’en passer.

J’ai tellement aimé la façon dont j’ai aimé mais je ne veux plus jamais aimer ainsi. De manière si intense, si destructrice.

La dépendance affective est une véritable pathologie qui grignote la confiance en soi, ses croyances et qui a un réel impact sur l’état psychologique de celui qui la ressent et la subit. Je vous l’avoue et c’est malheureux, aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à accepter la douceur, la tendresse, les gestes, les mots…tout ce que j’ai tant voulu me fait un peu peur aujourd’hui. Ces états provoquent des élans d’angoisses, d’anxiété et de fatigue intenses comme je n’en avais jamais vécus.

Pas facile d’accepter ce qu’on a toujours voulu mais jamais vraiment reçu. Le mérite-t-on finalement ?

Mais, franchement, rissolées, fondantes ou encore écrasées… Charlotte, Agatha, on n’est pas prêtes de se quitter les filles car je vais apprendre à réellement vous aimer. Ça me donne la patate de vous éplucher et même si ma fille vous boude car elle ne vous aime pas, elle aime tellement vous préparer et vous cuisiner que je la soupçonne d’être une sentimentale…comme sa guimauve de mère. Je vous laisse, j’ai une bonne purée à préparer.

 

La pomme de terre ou la dépendance affective révélée et épluchée…

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