Les yeux dans les yeux : bulletin de santé

Cet article a tardé car je n’avais plus accès à mon blog et pas vraiment le temps de m’en occuper. Maintenant que c’est réparé, j’ai repris la plume. Comme vous le savez, l’année 2020 a été éprouvante pour tout le monde et, de mon côté, j’ai vécu un véritable cauchemar avec ce qu’il m’est arrivé à l’œil comme je vous l’avais expliqué au printemps dernier.

Alors, presque un an après, où est-ce que j’en suis ? J’ai reçu beaucoup de messages de soutien, des messages pour prendre de mes nouvelles, plein de messages qui n’espéraient pas forcément de retour et qui voulaient juste dire « je suis là.. » ou juste « ça va aller »… Des messages simplement bienveillants. Quelle douceur ça a été quand, en parallèle, je vivais quelque chose de particulièrement difficile. L’un d’entre eux m’a interpellé. Il me disait « Laisse ton téléphone de côté, tout le monde comprendra ton silence, même s’il doit durer des mois, des années… Éloigne toi des écrans qui peuvent te faire perdre la vue pour toujours. N’aie rien à regretter. »

Et j’ai écouté ce conseil. J’ai arrêté d’écrire et j’ai demandé de l’aide pour envoyer des audios, et ça déjà, ça demandait un certain effort. Ma sœur a repris mes réseaux pour que je n’ai pas à m’en soucier. J’ai même arrêté de lire (il faut dire que je n’y arrivais pas vraiment..) et je me suis mise aux livres audios.

Il faut savoir que je ne voyais pas « rien ». Ma vue était bouchée, j’avais un voile, parfois gris clair, parfois noir qui gênait ma vue et seulement du côté de mon œil droit. Le problème, c’est que l’autre a tellement compensé que ma vue a commencé à se flouter. Bref, un jour, je voyais plutôt bien et le lendemain, c’était très compliqué. Autant vous dire que je n’ai pas touché un volant pendant des mois. J’avais peur. Peur que ma vue me lâche d’un coup, elle était tellement instable.

J’ai dormi des heures et des heures d’épuisement suite aux injections dans mon œil et le temps s’est arrêté… Moi qui ne suis pas une grande dormeuse, je me suis retrouvée à dormir 18 heures d’affilée après certains examens..à ne plus savoir quel jour on était à mon réveil.

J’ai donc passé de nombreux examens pour trouver l’origine de ce caillot de sang qui a littéralement fait « péter » ma veine centrale qui alimentait le sang de mon œil et donc, faisait fonctionner correctement ma vue. Voilà le problème, le souci était situé entre mon œil et mon cerveau, au niveau de mon système sanguin. J’ai donc eu des injections dans l’œil et passé des séances de laser tous les 15 jours pendant des mois. Et le corps médical a été chercher du côté de mon cœur, de mon cerveau, de mes cervicales, de ma tension, de mon système sanguin, si quelque chose n’était pas en train de se préparer ailleurs. Car il faut savoir qu’une personne sur 100 ayant eu un infarctus de l’œil développe un AVC dans les 90 jours qui suivent donc l’urgence était là.

Et donc, après tant d’examens, en septembre, on m’a annoncé qu’ils ne trouvaient pas l’origine de tout ça. Rien dans mes résultats ne justifiaient ce qu’il m’étais arrivé. Après avoir vécu 7 mois à entendre non stop « il faut absolument trouver l’origine de ce qu’il vous est arrivé », « rendez-vous compte que c’est important ce que vous avez eu »… et d’un coup « il faut accepter de ne pas savoir, de ne pas comprendre ». J’ai plutôt été en colère et c’est une annonce que j’ai très mal vécue. On a mis ça sur le dos du stress et oui, je sais que j’étais très très très stressée pendant la période où c’est arrivé mais c’est également la première chose que j’avais dit au premier diagnostic. Et on m’avait répondu « non c’est impossible car, si vous stressez au point de faire éclater votre œil, va falloir se calmer Mademoiselle ! ». Donc, un diagnostic flou et une reprise de vie normale, avec tout de même, un suivi régulier à l’hôpital.

Donc, on va se calmer, n’est-ce pas ? 😉

J’ai vécu une petite période parano en fin d’année. Peur d’aller me coucher et de me réveiller une nouvelle fois avec ce voile devant les yeux. Peur de me remettre sur les écrans avec le boulot. J’avais peur. De tout. Tout, tout, tout. J’avais du mal à dormir, du mal à regarder mon téléphone, à regarder la TV… J’ai repris le travail en étant très heureuse de revenir car je n’en pouvais plus d’être arrêtée mais la reprise a été très difficile. Je stressais de stresser. Le stress bouffait mon stress et le décuplait. Une espèce de conflit intérieur insupportable à vivre. J’étais donc épuisée de reprendre alors qu’au boulot, on a tout fait pour me faire revenir en douceur et ne pas me bousculer. Et donc, je culpabilisais que ce soit si compliqué.

Bref, depuis le début d’année et surtout ce mois-ci, j’ai repris mes marques et ça va beaucoup mieux. Je ne dis pas que le stress n’existe plus car j’ai toujours été stressée de nature et donc, ça m’a malheureusement fragilisée sur ça mais au moins, j’essaye de composer avec.

Malgré tout, tout ça n’a pas été que du négatif à vivre. 7 mois. 7 mois de parenthèse, d’arrêt, de doutes mais en même temps de silence mais surtout : de noir et de plein de nuances de gris. Comment vous dire à quel point que ça m’a bousculée ?

Ça m’a poussée à me dire qu’on n’a pas vraiment le temps mais, en même temps, on peut le prendre. Appuyer sur le bouton pause un peu et arrêter de se mettre la pression pour un oui ou pour un non. Ce qui donne un sérieux décalage avec la réalité, avec l’urgence de la vie, la rigueur du travail, le stress des relations compliquées… Mais finalement, j’étais raccord avec le confinement et ce que nous avons tous vécu. Vivre dans sa bulle, son petit cocon familial, se recentrer sur l’essentiel. C’est notamment à cette période que j’ai pris plaisir à marcher, beaucoup avec ma fille, parfois seule. Et à bien respirer. Maintenant, quand je sens la pression monter, je me tourne vers la cohérence cardiaque. Vous connaissez ?

C’est une méthode de relaxation qui s’appuie sur la respiration. C’est assez simple de la pratiquer et ça détend. J’avais pris l’habitude de l’utiliser grâce à ma montre connectée, j’ai téléchargé depuis peu l’application Respirelax, qui permet de faire cet exercice n’importe où également. Il vous suffit de choisir la durée de l’exercice (la plupart du temps, 2 minutes pour moi) et de suivre la bulle. Quand elle monte, vous inspirez, quand elle descend, vous expirez.

Alors que dans ma vie personnelle, son utilisation se fait très souvent, je n’avais pas pris le pli de le faire dans ma vie professionnelle, et pourtant, c’est là que ça m’aide le plus. Après ce qu’il m’est arrivé et cette surdose de stress qui m’a submergée, il est devenu primordial pour moi de garder cette solution dans un coin de ma tête. J’ai fait tellement de crises de panique avant d’entamer une réunion que c’est devenu essentiel pour moi.

Et j’ai commencé à tenter d’accepter. Accepter de ne pas être parfaite. De ne pas l’être dans certaines situations et de ne pas l’être du tout dans d’autres. Et Dieu sait que je suis parfaitement imparfaite pour certaines choses, carrément nulle dans d’autres.

Mais comment vous exprimer à quel point tout ça a changé ma façon de voir certaines choses ? Il y a des choses que je n’ai plus envie de subir. Bref, tout ce blabla pour vous dire que ça y est, depuis quelques mois, je peux dire que je suis sortie d’affaire.

J’ai appris la leçon que nous ne sommes pas infaillible, nous ne sommes pas prêts à tout encaisser, tout vivre, tout accepter mais surtout, je sais maintenant plus que jamais qu’il n’y a pas de temps à perdre. Tout ça ne m’a pas non plus rendue plus forte car le stress n’a pas disparu comme par enchantement de ma vie, il est même parfois exacerbé mais j’espère ne jamais oublier ce qu’il a failli me faire perdre. Après avoir vu tellement de nuances de gris gâcher ma vue, je suis prête à profiter pleinement du ciel bleu derrière les nuages.

Bref, je suis guérie.

Love, Coffee & Beaucoup de Guimauve mais surtout surtout, prenez soin de vous. Vraiment. <3